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Par Prim le 29 Décembre 2014 à 13:10
Rédemption
Prologue
J'observe mon reflet dans le miroir... J'ai le teint pâle, les yeux d'un bleu profond, de longs cheveux noir corbeau. Des cernes creusent mon visage, la fatigue se lit sur mes traits. Cela fait 16 ans que je suis sur cette putain de planète, dont 11 de malheur. Je suis petite, j'ai quelques formes mais sans plus. Je me cache sous un maquillage sombre, très sombre. Je porte toujours du noir, c'est neutre, cela m'évite de me faire remarquer. Je ne suis que l'ombre d'un être, je suis trop mauvaise pour me considérer comme humaine. Je touche mon reflet dans le miroir, j'ai l'impression que ce n'est pas moi, qu'il ne m'appartient pas. Je ne me reconnais pas. Qui suis-je? J'aimerais tellement être quelqu'un d'autre, mais je ne le mérite pas.
Je me balance d'avant en arrière, mes bras entourent mes genoux. Je suis nerveuse, je tremble, je sens que cela revient alors pour me calmer je récite mes certitudes...
Je suis Ever Black. Je suis la fille la plus odieuse que je connaisse, mon coeur est noir et on ne peut rien pour lui. Mes parents sont morts quand j'avais 5 ans. Je les ai vu mourir devant mes yeux et chaque nuit je le revois en cauchemar. Des cauchemars qui me font pousser des cris déchirants à travers la nuit. Mais je devais le mériter pour que cela arrive. Je ne sais pas pourquoi mais je fais tout pour le mériter.
Je vis dans un orphelinat. C'est un vieux bâtiment en pierre et certaines pièces sont encore chauffées grâce à des cheminées. Personne ne m'a jamais adopté, ils ne voulaient pas de moi, moi non plus je ne veux pas de moi. Mes cris réveillaient les autres alors j'ai été mise à l'écart dans une chambre toute petite, on y accède par une poignée de couloirs étroits. C'est une des pièces chauffée par une cheminée. Personne n'y vient jamais à part moi et une des dames qui s'occupe de la cantine, je crois qu'elle a pitié de moi.
Nous sommes très nombreux dans l'orphelinat, de tous les âges. Les petits ne restent pas longtemps, ils sont très vite adoptés mais à partir de 8 ans cela se fait plus rare alors à 16 ans je n'ai plus aucune chance. Je suis là depuis longtemps et je ne me suis jamais attachée à personne, les autres enfants sentaient que j'étais perturbée alors ils ne venaient pas jouer avec moi, rien que le fait que je ne dorme pas avec eux semblait les repousser. Les humains rejettent toujours ce qui est différent d'eux, par crainte.
Le foyer est situé dans un petit village pommé en Bretagne, il est à 30 minutes de l'école. Tous les matins un bus vient chercher tous les enfants de l'orphelinat et nous y amène. Même à l'école je ne parle à personne, tout le monde sait que je suis odieuse, méchante et haineuse mais curieusement cela attire certains garçons. Je prends leur compagnie et les abandonne, vidés. Je leur fait croire à l'illusion qu'est l'amour et oublie leur existence. Je connais pleins de gens avec qui je "m'entends" mais je ne les considère pas comme des amis car s'ils se rapprochent trop de moi je coupe les ponts et ne donne plus signe de vie. Je ne suis pas digne d'avoir des amis. La plupart du temps je sèche les cours et je vais trainer dans des endroit un peu glauques comme des maisons abandonnées ou des usines désaffectées. J'y vais pour boire en cachette ou autre...
Je me lève, mes tremblements s'accentuent. Je ne sais pas comment l'expliquer mais j'ai tellement mal à l'intérieur que je ne sens plus mon corps. Je vais me coucher... Sous mon oreiller je sens une petite bosse, c'est le petit coffre de mes parents qui contient tous leurs bijoux. C'est une des seules choses qu'il me reste d'eux. Je crois que ce sont les seules personnes qui m'ont aimé. Mais il ne me reste que des objets vides de vie qui ont appartenu à un passé heureux. Ils me brûlent et me consument, ils me rappellent la vie que j'aurais dû avoir.
Mes parents étaient riches et m'ont tout légué: leur fortune, leur maison (que j'aurais à ma majorité), leurs objets de valeur. J'ai des photos de nous lorsque j'étais petite mais je n'arrive pas à les regarder, c'est trop douloureux. Ne pas connaître ses parents c'est comme ne pas se connaître soi-même.
On m'a déjà forcée à aller voir un psy, mais rien n'y fait je n'arrive pas à parler. Je n'ai pas de mots pour prononcer ce qu'est ma vie. J'y arrive très bien dans ma tête mais en face cela ne sort pas.
Je n'arrive pas à dormir, je sens que ça revient... Il ne faut pas que je le fasse, il ne faut pas... Pour essayer de penser à autre chose, je mets une musique de mon téléphone. Broken Brights de Angus Stone, je me mets à pleurer. Que je suis faible. Une moins que rien...
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